Nature morte aux oursins
Huile sur panneau, signée en bas à gauche.
69 x 83 cm
Bibliographie :
RAILLARD Georges, Monticelli l'étrange, Marseille, André Dimanche éditeur, 2008, reproduit en page 219.
GARIBALDI Charles, GARIBALDI Mario, Monticelli, Genève, Skira, 1991, reproduit en page 175.
Adolphe Monticelli, le baroque provençal
Si l'on distingue d'emblée sa manière entre toutes, la peinture de Monticelli ne se donne pas forcément au premier coup d'oeil. Elle ne s'offre pas aujourd'hui à nous aussi limpide et séduisante que les productions des artistes de la génération suivante, celle des élèves d'Emile Loubon, qui comme Raphaël Ponson ou Jean-Baptiste Olive, ont peint les bords de la Méditerranée dans une facture lumineuse dont la grâce emporte notre adhésion instinctive.
Au visiteur du XXIème siècle, les tableaux de Monticelli réclament la faveur d'un autre regard, tout aussi sensible mais plus introspectif. Ils invitent à une patiente découverte, une lente immersion dans un univers inaccoutumé.
Adolphe Monticelli est en réalité d'une étonnante modernité et s'il s'intéresse aux recherches de ses devanciers, il interroge aussi celles de ses contemporains les plus audacieux comme Eugène Delacroix ou Narcisse Diaz de la Peña.
Ses recherches de coloriste, qui le font rétrospectivement apparaitre comme “le chaînon nécessaire entre Delacroix et Van Gogh” le conduisent à une subjectivité inédite. Il juxtapose les touches, multidirectionnelles, en empâtements et teintes variables, délaissant le dessin formel au profit d'une expression vibrante.
Contrairement aux impressionnistes, qui choisissent d'orchestrer la mise en lumière à partir du fond clair de la toile, Monticelli part des ténèbres. Il utilise le fond sombre du panneau, qu'il laisse souvent apparaitre en réserve, pour l'inonder de fulgurances de blancs qui créent un relief incomparable.
C'est ainsi que Germain Bazin a fait de lui le chef de file du “baroque provençal”.
La fascination éprouvée par Vincent Van Gogh pour Monticelli a fait l'objet d'un intérêt croissant, à mesure que grandissait la reconnaissance de l'oeuvre de l'artiste, internationalement étudié et apprécié. “Songeant à Monticelli, il pleurait”… rapporte Gauguin au sujet de la fascination de Van Gogh pour Monticelli.
Cette relation exaltée et fondatrice est notamment révélée par une exposition organisée au Musée de la Vieille Charité à Marseille en 2010, qui afficha côte à côte les peintures des deux artistes.